Mazarin fait sa cour aux duchesses de Lorraine

Au moment où la Lorraine sombrait dans l’anarchie, l’Europe pense achever la guerre qui l’ensanglante depuis 1618. Au cours des négociations des traités de Westphalie en 1648, le sort de la Lorraine est évoqué. L’Europe reconnait à la France une position prééminente dans cette région où elle contrôlait déjà l’Alsace. Les duchés seront donc intimement imbriqués dans des territoires français. Mazarin sembla envisager l’annexion pure et simple des duchés mais préalablement il se concilia Henriette de Lorraine, en exil à Bruxelles, à qui il fit restituer fin 1645 Hombourg-Saint-Avold et lui fournit d’importantes subsides. Il approcha également la duchesse Nicole, cherchant à savoir s’il était possible d’obtenir la cession de la Lorraine contre des compensations financières. Malgré son inconstance, Charles IV fut également sollicité. Mais que désirait ce dernier ? La reconnaissance de son mariage avec Beatrix de Cousances alors qu’il entretenait une liaison orageuse avec la fille du bourgmestre de Bruxelles ? Il tenta même de renouer avec son épouse Nicole. Or loin de ses terres, en 1649, il donna un magnifique spectacle à la ville de Bruxelles, si « content de l’affection qu’avoit cette grande ville pour sa personne ». Il y « réjouit beaucoup l’Archiduc Léopold & les bourgeois étonnez faisoient de toute part l’éloge de la magnificence & du bon goût du Duc de Lorraine... il y eu dans toutes les ruës des tables dressées & bien servies où chacun pouvoit à son gré prendre des rafraichissements... ».

En fait Mazarin, optera pour une Lorraine autonome entrée dans la mouvance française et sans indépendance réelle, zone tampon entre le royaume de France et l’Empire. Parallèlement, les Provinces-Unies tentent d’arracher à l’Espagne leur indépendance. Le Portugal revendique la sienne. Les combats n’ayant jamais cessé, de furieuses batailles opposent Français et Espagnols en Flandre. La position de l’Empereur qui ne veut ni abandonner la Lorraine à la France, ni soutenir Charles IV est complexe. C’est une paix entre l’Allemagne et la France qui sera signée mais pas une paix générale.

Ainsi, la guerre entre Français et Espagnols continue. La Lorraine demeure un théâtre d’opérations militaires, Luxembourg, Thionville ou Montmédy à ses marges étant toujours des possessions espagnoles. Mazarin doit faire face à la fronde dont Condé est l’un des grands chefs, qui dès 1650 demanda l’aide à l’Espagne et à Charls IV qui se jeta dans l’aventure après son « délicieux séjour » à Bruxelles où pendant des années on le vit « plus souvent parmi les Dames, et même avec la bourgeoisie de cette ville, qu’à la tête de ses troupes ».